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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 09:16

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Le grand saut

 

La paracha de la semaine retrace la sortie d'Egypte et la naissance du peuple d'Israël. Avant la dernière plaie, les enfants d'Israël reçoivent les premiers commandements de l'Eternel, par la voix de Moïse et Aaron. Le premier concerne l'élaboration d'un nouveau calendrier, basé sur le renouvellement de la lune et dont le mois de Nissan sera le mois inaugural.

 

Dieu demande ensuite au peuple de s'investir dans trois rites spécifiques : la préparation puis la consommation de l'agneau pascal, la confection du pain azyme, enfin la circoncision des mâles pour pouvoir manger le sacrifice. Pour la tradition orale cette occupation et cette ferveur devaient permettre à la collectivité d'Israël, premièrement de s'attacher à la parole divine, deuxièmement d'obtenir un mérite suffisant afin de recevoir la protection divine.

Revenons sur ces commandements. Les deux premiers concernent l'alimentation. Dans la logique biblique chaque commencement d'Histoire est inauguré par un nouveau rapport à la nourriture.

 

À propos de l'agneau, la Torah exige exclusivement la grillade : « et vous ne le ferez point cuire dans l'eau. » Les ethnologues ont mis en évidence que tous les peuples primitifs, en devenant carnivore, ont fait griller leur viande dans le feu. L'apparition de la casserole, de la friture ou du bouillon est plus tardif et indique une évolution de la culture humaine par l'utilisation d'instruments intermédiaires dans la fabrication des mets. En sortant d'Egypte, Israël doit revenir au point originel de la consommation, il doit couper les ponts avec la civilisation égyptienne, entendue dans la Bible comme « lieu de double d'étroitesse » et comme enfer concentrationnaire. En badigeonnant les linteaux du sang de l'agneau, Israël entendait ainsi se distancier par rapport à la violence et à la barbarie.

Cette idée de renaissance spirituelle et de rupture sera renforcée par la consommation du pain azyme. En effet, la particularité de cet aliment est d'être privé de levain. Or le levain est un morceau de pâte de la veille ou de l'avant-veille laissée en repos et qui au contact de l'air a fermenté. Point de pain sans mémoire ! Pour quitter le pays du pharaon, il devient nécessaire d'inaugurer une nourriture sans la moindre trace de la terre d'esclavage. Cette analyse explique pourquoi ce commandement fut donné a priori avant la dernière plaie, la précipitation et la bousculade de la nuit de Pâque ne faisant que concrétiser ce qui était demandé originellement.

Enfin le dernier commandement, la circoncision, avait pour but de renouer avec l'alliance d'Abraham, inscrivant l'histoire des Fils dans la continuité de celle des Pères. Le sang n'était plus ici celui de la honte et de la mort, mais au contraire celui de l'alliance avec le Créateur, avec la source de la vie, avec Celui qui avait retenu le bras du patriarche pour ne pas immoler Isaac. Le sacrifice de l'agneau dans la continuité de celui du bélier, proclamait la vie de l'Homme au nom de Dieu.

 

La traversée d’Abraham puis le saut de Pessah ont marqué la mémoire juive du refus de toutes les idéologies de mort.

 

Ph.Haddad

 

 

 

 

 

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