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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 15:02

Liberté



En ces jours où la transmission et surtout la difficulté de la transmission sont au cœur des débats, je voudrais en cette veille de Pessa’h rappeler notre responsabilité accrue durant ces deux soirs de seder.

 

Il ne s’agit pas seulement de festoyer car Pessa’h reste avant tout la Fête des Matsot, il ne s’agit pas seulement de se réunir, il s’agit de faire prendre conscience aux plus proches comme aux plus éloignés que ce pain, la Matsah, ce pain de la misère et de l’esclavage n’appartient pas au passé.

Nous sommes sortis d’Egypte, partis dans le désert sans provision, juste avec ce pain cuit trop vite. Et l’espoir fou de ce sauvetage qui nous délivrait de quatre cents d’esclavage.

Aujourd’hui, nous sommes toujours esclaves de liens et de chaînes dont nous avons tant pris l’habitude que nous ne les remarquons plus. N’oublions pas qu’en Egypte, seuls un cinquième des enfants d’Israël ont trouvé la force de croire en cette délivrance.

Imaginons ces hommes, ces femmes sans horizon depuis tant d’années, tant de générations. C’est un sursaut insensé fait d’espoir, d’amour et construit sur l’idée de liberté qui leur a donné la force de briser leurs chaînes et à partir. C’est cette force qui caractérise le peuple juif.

C’est ce même espoir au cœur de toute existence juive qui veut que nous laissons symboliquement vacant un siège autour de la table de la cérémonie du Séder, nous versons une coupe supplémentaire et ouvrons une porte. Qui attendons-nous ? La venue du Messie.

De nombreux commentateurs et exégètes bibliques ne manquent pas de poser la question de savoir pourquoi dans le premier des Dix Commandements Dieu se présente comme Celui qui a fait sortir les Hébreux du pays d’esclavage et non pas comme Celui qui a créé l’Univers. C’est la raison pour laquelle nos Sages ont formulé pour précepte que l’homme a l’impérieux devoir de « sortir d’Egypte » tous les jours. L’esclave est considéré comme un mort. Or, le judaïsme est une religion et une civilisation de vie. Sans la liberté d’agir, les actes des hommes n’ont pas grande signification.

Autour de nos tables de Seder, prenons le temps de parler, d’écouter, de dialoguer, de questionner. C’est un moment rare pour dépasser les habitudes, sortir des cadres et retrouver une force chevillée au cœur de notre peuple : la capacité à nous délivrer de la réalité. Dans toutes les circonstances, y compris les plus extrêmes, les chants ont résonné et ont fait vibrer cette foi qui vient de nos Pères, nos ancêtres mais aussi de nos parents et nos grands parents.

Apprenons ensemble à la préserver pour nos enfants et les enfants de nos enfants, Pessa’h et le Seder nous y aideront.

Nous pensons en cette veille de Pessah à tous les hommes privés de liberté par la folie des dictatures et des totalitarismes. Et nous prions le ciel en particulier pour que notre compatriote Guilad Shalit retrouve enfin une liberté dont il est cruellement privé depuis longtemps.

Trop longtemps.

 

‘Hag Samea’h

 

Joël MERGUI
Président du Consistoire Central

 
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