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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 16:00

hokat

La paracha de Houkat est connue comme son nom l’indique, pour l’ordonnance difficilement accessible à l’entendement humain, relative à la vache rousse, et visant les impuretés contractées lors de contacts avec un mort.

Mais elle revêt aussi une autre importance capitale dans l’histoire du peuple juif : La mort de Moshe et Aaron son frère, avant l’entrée en Israël.

Rappelons brièvement les faits : Les enfants d’ Israël sont sortis d’Egypte et sous la conduite de Moshe, errent depuis 40 ans dans le désert. Durant cette période, ils ont disposé grâce au mérite de Myriam, la sœur de Moshe, d’une source d’eau.  Après la mort de cette dernière, l’eau vint à manquer dans le désert de Kadesh. C’est l’épisode relaté par cette paracha.

A ce moment de détresse, ils se rebellent, remettent en question leur départ d’Egypte , et se tournent vers Moshe, pour lui demander de faire le nécessaire pour faire sortir l’eau du rocher, comme il l’avait fait 40 ans auparavant. A cette époque, l’eau était venue à manquer, et Moshe avait frappé  sur un rocher pour en faire sortir de l’eau.)

Moshe sera terriblement choqué par ce comportement, les traitera de rebelles, mais en fin de compte se tournera vers D. pour lui demander d’intervenir.

D. dit à Moshe : "Parle au rocher, et l’eau sortira."

Or Moshe n’a pas parlé, mais a frappé le rocher. L’eau est sortie, mais D.  a pris à l’encontre de Moshe, une sanction terrible : Celle de le faire mourir dans le désert, et de lui interdire l’entrée en Israël pour y conduire son peuple.

Pour justifier cette sanction la thora précise que Moshe avait fauté, en ne sanctifiant pas D. devant le peuple.

N’est ce pas disproportionné ? Comment comprendre cette sévérité ?

De nombreux sages se sont prononcés sur les raisons possibles de cette sanction. Mais chacun semble avoir privilégié un aspect de ce que la thora a appelé faute.

Le RAMBAM ( Maimonide), précise que la faute de Moshe a été de s’être emporté envers le peuple, en le traitant de rebelle.

Le RAMBAN ( Nahmanide), comme la plupart des commentateurs, estime que la faute de Moshe a été d’avoir frappé le rocher au lieu de lui parler comme le lui avait demandé D.

Il serait possible d’approcher le problème d’une façon globale, les différentes sources de la faute pouvant en fait être liées entre elles : en effet deux idées sous tendent cette réflexion:

1ère idée : Le monde repose sur l’intervention sous-jacente permanente de D. Comme le précise un commentaire du Keli Kessef, la confiance en D. repose justement sur la capacité de l’homme à croire que D peut à tout moment modifier le cours naturel des choses. Et c’est par la prière que l’homme demande à D. d’intervenir dans ce monde pour en modifier le cours par des miracles.

Ces derniers peuvent revêtir, deux formes :

- Les premiers sont des manifestations exceptionnelles de la nature, et qui pour se réaliser nécessitent l’intervention de l’homme. Frapper le rocher, avancer et frapper la mer pour qu’elle s’ouvre, fabriquer un serpent pour guérir les morsures des Bné Israël comme le conte la suite de cette paracha. Ce rôle de l'homme dans le miracle caractérise en réalité, l’aspect éducatif de ces miracles. D prend la main de l’homme et lui montre de quoi il peut être capable, par sa prière, par un comportement conforme au dessein divin.

- Les seconds sont totalement contre nature et D. intervient sans intermédiaire, par le seul mérite de l’homme, par sa seule prière. Il change la nature et montre la puissance divine. ( Retarder le coucher du soleil). L’homme est parfaitement conscient de cette puissance, il est adulte son éducation est révolue.

2ème idée :  Il y deux façons de réagir face à un peuple où un homme se détournant du droit chemin. (Quedouchat Levi)

Soit multiplier les reproches, les punitions, de telle sorte que sa honte, ou sa peur le poussera à faire Téchouva, soit au contraire l’encourager, et lui communiquer une telle confiance, qu’il reviendra vers D. de lui même sans contrainte aucune.

A partir de ces deux idées, il est une façon de comprendre ainsi la faute de Moshé, et en conséquence la "sanction" qui a suivi. Que s’est il passé en fait ?

Le peuple a constaté que leur source d’eau était tarie. Dans leur détresse, ils se sont tournés vers Moshe. Bien sûr, ils ont durant 40 ans assisté aux miracles, bien sûr, ils avaient foi en D, mais ils étaient affolés, et comme cela peut arriver, dans ces cas là, leurs paroles ont dépassé leur pensée.

Face à cette rébellion, Moshe se devait de communiquer au peuple, sa propre confiance en D., se devait par l’apaisement de les conduire à faire Téchouva, et prier pour demander l’intervention divine.

Or, il ne s’est pas contrôlé, car il n’a pas compris qu’il ne s’agissait plus là d’un simple épisode de la traversée du désert, mais de son aboutissement .

Une étape était franchie. Le peuple avait mûri, il avait besoin d’un guide et non d’un maître. Sa révolte n’était qu’un signe de détresse, non d’ingratitude. Le bâton n’avait plus lieu d’être pour provoquer le miracle réclamé. La prière seule devait l’inspirer, et face à cette rébellion Moshe était persuadé que D ne pardonnerait pas.

Il n’a pas eu lui même confiance en la miséricorde divine vis à vis des enfants d’Israël.

C’est parce que Moshe a manqué de confiance et de discernement, qu’il s’est emporté contre le peuple, et qu’il a frappé le rocher. Chaque faute est cause de la suivante.

En fait, la vraie sanctification que D attendait du peuple ne devait pas avoir lieu par l’obéissance mais par son libre consentement. La Téchouva devait être décidée, et par conséquent le miracle devait faire ressortir la seule puissance divine, sans intervention humaine, sans geste directif.

Peut être est il possible de transposer cette leçon aux différentes étapes de la formation de l’homme.

Il y a un temps pour l’apprentissage par la sanction, un temps pour l’éducation par le modèle, et enfin un temps où l’homme devenu mature doit prendre son destin en mains, et appliquer à nouveau ces étapes sans cesse renouvelées.

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