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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 20:52

Yom Yerouchalaim

Yom Hashoah, Yom Hazikaron, Yom Haatsamout et dans quelques jours Yom Yeroushalaïm. Quatre jours singuliers, jours de mémoire. Différents, tous sont pourtant liés et marqués d’un même devoir et d’une même conviction : le refus de l’oubli et la nécessité qu’il fonde l’action et l’impératif de continuer, de construire jour après et jour et pour demain le Judaïsme.

Refus de laisser l’oubli emporter jusqu’à la mémoire de 6 millions des nôtres, assassinés parce que juifs. Refus des vivants d’oublier leur dette vis-à-vis des disparus, morts parce qu’ils ont donné leur vie pour que d’autres puissent continuer la leur. Refus d’oublier combien rien n’est dû ni acquis, parce que ni la terre ni le peuple ne se créent sans efforts ni volonté collective. Refus d’oublier le lien qui unit le judaïsme une terre vécue comme une source, un havre de paix parce que bat en son cœur le rythme éternel de Jérusalem, l’unique.

Lorsque l’oubli gagne les consciences nul ne vient plus témoigner aux côtés des oubliés pour exiger le droit. Nul ne se dresse plus contre la haine et la peur, pourtant si peu dissimulées. Nul ne se lève plus pour dire non, ni même oui, parce que vivre debout n’a plus de sens, sauf pour quelques justes. L’oubli est l’amnésie des gens de bien, qui laissent aux persécuteurs le soin d’exercer la mémoire jusqu’à la réviser.

Refus de l’oubli certes, mais nécessité aussi d’aller de l’avant, de vivre le judaïsme au présent et de le perpétuer, de le transmettre à nos enfants, parce que l’Europe a englouti des millions d’êtres de la génération de nos parents et parce que nous, parents aujourd’hui, refusons que disparaissent des millions de la génération de nos enfants, à cause de l’oubli.

Oubli de nous-mêmes, de nos valeurs et de nos origines comme du souvenir que nos synagogues ont servi d’écurie, que nos pères ont été, enfants, chassés de l’école, et nos livres brûlés en place publique dans la quasi indifférence des nations.

C’est pourquoi les jours du souvenir débutent au mémorial, là où notre mémoire s’exerce comme un devoir pour refuser d’oublier. Mais ils s’achèvent à la synagogue, là où notre mémoire -de prière en prière- perpétue le devoir d’être ce que nous sommes, de vivre et de dire toute la beauté du Judaïsme, fruit de l’amour de sa terre d’origine.

L’oubli, dans la seule dimension de son refus, est un piège, s’il ne s’accompagne de la conscience aiguë et volontaire qu’il faut dépasser ses pleurs et ses deuils pour que naissent et grandissent nos enfants dans le judaïsme, ininterrompu d’hier jusqu’à demain.

J. MERGUI

Président du Consistoire Central

De France

 

 

 

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