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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 09:28

michkan-construction

 

 

 

 

 Une offrande pour D.ieu

"L'Eternel parla à Moïse en disant : Parle aux Enfants d’Israël, qu'ils prennent pour moi un prélèvement" Exode 25,1. La difficulté de ce passage ne réside pas seulement dans l'idée elle-même d'un prélèvement mais également dans les termes employés. En effet, si la terre et le ciel et tout ce qu'ils renferment appartiennent à D.ieu, sur quel bien propre, l'homme peut-il opérer un prélèvement pour l’Eternel ? Le Roi David disait : "Car tout vient de Toi et ce qui vient de Ta main, nous Te le donnons" 1 Chron.29,14. Cette idée est mise en évidence par les termes employés dans la Paracha : "Veyiq'hou li" "qu'ils prennent pour moi", au lieu d’une expression plus courante "Veyitnou li", "et qu'ils me donnent, et qu'ils m'offrent"...

Certains de nos sages expliquent qu'en la matière, l’homme est effectivement dans l'impossibilité d’offrir quoi que ce soit à l'Eternel, puisque rien ne lui appartient en propre. La seule chose qui lui appartienne c’est l'intention qui accompagne son geste, la volonté d’être agréable à l'Eternel.

Gardons-nous d’une déduction hâtive que n'hésitent pas à faire beaucoup de nos coreligionnaires, suivant en cela un adage talmudique "D.ieu ne demande que le cœur" ou en d'autres termes "l'intention vaut l'action".

L’intention vaut-elle l’action ?

L'intention vaut effectivement l'action lorsque l'homme, empêché d'accomplir une action, a fait l'effort de l'entreprendre. Par contre, une simple intention, sans aucune tentative de réalisation, n'est d'aucune valeur. Exemple: j’ai envie de me rendre à la synagogue pour la prière du matin. A mi-chemin, un camion renversé bloque entièrement la circulation. Malgré mon désir de me rendre à la synagogue je ne peux y arriver. Dans ce cas, mon intention compte comme une action car seule une circonstance indépendante de ma volonté m’a empêché de réaliser mon action.

"Veyiqhou li". L’expression demeure difficile à comprendre. Que signifie « qu’ils prennent pour moi une offrande ? » D.ieu a-t-Il besoin de cadeaux ? Rachi traduit «li » par lichmi, pour moi, veut dire pour Mon Nom, pour la glorification de mon Nom. Cette idée constitue le fondement de toute la Création. « Tout ce qui est appelé de Mon Nom, c’est pour Ma gloire que je l'ai créé, formé et organisé » Isaie 43,7. Depuis la plus petite des créatures jusqu'aux phénomènes les plus impressionnants, tout a été créé pour la gloire de D.ieu.

Ben Ich 'Hai voit dans le mot Li de Veyiqhou, l’illustration d’une autre idée. Li est en effet composé de deux lettres, Lamed, la plus grande des lettres, la seule qui dépasse vers le haut l’alignement des lettres et le Yod, la plus petite des lettres que l'on peut à la limite confondre avec un point. Li est donc un symbole pour l’homme. Si l’homme recherche véritablement D.ieu, il peut le découvrir à travers toutes ses oeuvres, dans les plus petites créatures comme dans les phénomènes les plus grands. Toute la création se veut un hymne à la gloire de l’Eternel. On peut traduire ce concept fondamental en disant que rien n'existe pour soi-même. Tout est situé dans la dimension du sacré, toute la Création porte le sceau du divin.

Le sceau de D.ieu

La création du monde s’achève sur le septième jour. Or le septième jour, le Chabbath, symbole de la création, est également celui de la rédemption, de la libération. Par notre activité durant les six jours, nous participons au déroulement de l'histoire. Par la sanctification du Chabbath, nous prenons conscience des actes qui surpassent, ennoblissent et rachètent l’histoire. Le judaïsme véritable affirme le monde sans lui être asservi, prend part à la civilisation mais la transcende, conquiert l'espace mais sanctifie le temps. Or, le Chabbath est directement lié à l'Eternel : Chabbath Lachèm.

La Terouma, le prélèvement est donc une mise à part "d'une partie des biens de l'homme" pour le Nom de l'Eternel, c’est à dire pour sa gloire.

Une explication hassidique assimile Li à oti. D.ieu attend des hommes « qu’ils Me prennent » et non pas « qu’ils prennent en mon honneur ». Ce que D.ieu attend de l’homme, ce n’est pas un prélèvement sur la récolte mais que l’homme fasse entrer D.ieu lui-même dans sa vie. Si chacun sent la présence divine dans sa vie de manière familière, si la lumière divine illumine tous ses instants, alors il a réalisé toutes les aspirations d’un être vivant sur terre. L’Eternel nous demande de l’aimer d’un amour total, un amour de tous les instants, pour notre bonheur et pour l’éternité de notre âme. Toute notre être intérieur doit être illuminé par la Présence divine. Voilà le véritable sens de « qu’ils me prennent ».

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

 

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 10:57

-esther-devant-assuerus-910629

 

 

Extrait tiré de « ESTHER » de Jean Racine

Esther à Assuerus :

" O Dieu, confonds l’audace et l’imposture.

Ces Juifs, dont vous voulez délivrer la nature,

Que vous croyez, Seigneur, le rebut des humains,

D’une riche contrée autrefois souverains,

Pendant qu’ils n’adoraient que le Dieu de leurs pères,

Ont vu bénir le cours de leurs destins prospères.

Ce Dieu, maître absolu de la terre et des cieux,

N’est point tel que l’erreur le figure à vos yeux.

L’Eternel est son nom. Le monde est son ouvrage ;

Il entend les soupirs de l’humble qu’on outrage,

Juge tous les mortels avec d’égales lois,

Et du haut de son trône interroge les rois. "

 

 

 

 

 

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 11:27

POURIM jeûne d'Esther le 21 Février.

POURIM Samedi soir 23 Février : MEGUILA, Dimanche 24 Février

pourim pourimLa fête de Pourim, fête des hasards, est célébrée le 14 Adar, d'un coucher de soleil à l'autre. En 2013, Pourim se fêtera le 24 février.

Fête d'institution rabbinique, Pourim se célèbre le 14 adar du calendrier hébraïque, soit dès le soir du 23 février en 2013, et durant toute la journée du 24.

Célébration du miracle d'Esther qui sauve son peuple de la haine d'Aman avec l'aide de son oncle Mardochée, Pourim marque, à la différence de Pessah, l'intervention voilée de Dieu, qui vient en aide à son peuple sans miracle particulier, mais le récompense de sa foi, de son retour à la Torah et du jeûne accompli pour soutenir Esther.

L’histoire de Pourim : la haine d’Aman pour Mardochée

Le roi perse Assuérus, entre 485 et 465 avant l’ère chrétienne, épouse en deuxièmes noces Esther, sans savoir qu’elle est issue de la communauté juive, à l’époque exilée en Perse.

En effet, après la destruction du premier Temple, le peuple juif est exilé en Babylonie, conquise par Darius qui en fait l’empire perse. Il a fait le serment de ne jamais oublier sa patrie : « Si je t’oublie Jérusalem, que ma droite me refuse son service, que ma langue se colle à mon palais si je ne place Jérusalem au faîte de ma joie » (Psaume 137, 5-6).

Esther est la nièce de Mordékhaï (ou Mardochée), dont l’ennemi juré est Haman (ou Aman), conseiller du roi.

Cette inimitié a un lourd passif générationnel : Haman descend de la tribu d’Amaleq, férocement anti-juive, qui autrefois a attaqué les Israëlites dans le désert. Plus tard, Shaoul, roi d’Israël a épargné Agag, descendant d’Amaleq.

Mordékhaï, qui a refusé de se prosterner devant Haman, descend de Shaoul ainsi qu’Esther.

Haman, qui a l’oreille du roi Assuérus, conspire contre les juifs et instaure le discours antisémite. Il parvient à convaincre le roi. Après avoir tiré une date « au sort » (« Pour », pluriel « Pourim », signifie tirage au « sort »), il envoie des troupes dans toutes les provinces le 13 adar avec ordre d’exterminer les juifs, hommes, femmes et enfants.

Le miracle d’Esther

Esther, après trois jours de jeûne et de prière, demande audience au roi, au péril de sa vie. Elle parvient à lui faire passer son message lors de banquets au cours desquels le vin coule à flots.

Pendant ce temps, Mordekhaï, recouvert de sacs et de cendres interpelle son peuple en se lamentant aux portes du palais. Il invite les juifs à retourner à la Torah, à prier et jeûner pour soutenir Esther et demander l'aide de Dieu pour leur salut.

Esther rappelle au roi qu’en son temps, Mordekhaï a déjoué un complot de ses gardes contre lui, et parvient à le convaincre : Assuérus publie un nouvel édit qui sauve les juifs, et Haman est condamné à la pendaison.

Le 14 adar devient jour de fête et de réjouissances pour le peuple juif, qui doit son salut à l’intervention cachée de Dieu. Il n’a pas opéré là de grand miracle, mais est intervenu de façon détournée, par la prière, la foi et la confiance de son peuple. De fait, rien n’est laissé « au hasard » par Dieu.

Cet épisode n’est pas mentionné dans la Torah car il se déroule après la destruction du Temple de Salomon. Il est en revanche bien présent sous forme de traité dans le Talmud : le traité Méguila, ou traité du Rouleau.

A l’instar du Cantique des Cantiques, le nom de Dieu n’est pas une fois mentionné dans ce traité, pour montrer que l’Eternel est caché dans l’histoire des hommes. Au contraire de Pessah, le miracle de Dieu est ici voilé.

Les coutumes, rites et commandements de Pourim (Mitsvot)

En souvenir d’Esther, Pourim est un jour de jeûne, d’institution rabbinique, et aussi de repentir et de solidarité communautaire. Les personnes faibles et malades, les femmes enceintes ou qui allaitent, les enfants, sont dispensés du jeûne. En accomplissant les Mitsvot (commandements) de Pourim, le peuple juif réaffirme son attachement aux valeurs de la Torah.

On se doit d’aller à la synagogue et d’effectuer la lecture de la Meguila d’Esther, qui se fait à partir d’un parchemin ou rouleau la veille au soir, soit le 23 février pour l’année 2013, et le matin du 24.

Le lecteur de la Meguila marque une pause à l’évocation du nom de Haman. A cet instant et autant de fois que son nom est prononcé, une crécelle doit être agitée et il est autorisé de taper du pied par terre.

La veille de Pourim et le jour-même (14 adar), un repas copieux et joyeux sera partagé, et le vin sera consommé en quantité raisonnable mais plus que d’habitude, le miracle s’étant effectué par le vin. On offrira des cadeaux comestibles à son entourage en symbole de solidarité dans l’épreuve, les hommes aux hommes et les femmes aux femmes, et on donnera aux pauvres, éventuellement sous la forme d’une contribution pour les œuvres d’Israël, en souvenir de l’obole faite au Temple (mahasit hachekel).

 

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 10:22

La Révélation au quotidien

 

L’autel et le tribunal

parachat-michpatim« Et voici que les lois sociales (michpatim) que tu placeras devant eux. » Rachi annote ainsi ce premier verset : « Cela vient t’apprendre qu’il faudra placer le Sanhédrin, le grand tribunal, à côté de l’autel. » Commentons. La fin de la paracha Yitro, celle de la semaine dernière, traitait des lois de l’autel des sacrifices, en inaugurant notre paracha par les « michpatim », la Torah nous donne une indication sur l’emplacement du grand tribunal. Le religieux et le juridique sont deux instances séparées, mais elles ne doivent pas pour autant s’ignorer. Dieu transmet aussi bien les lois rituelles que les principes qui doivent gérer la vie sociale d’Israël. a partir de cette révélation, les sages élaborent la halakha.

La tradition orale prolonge la tradition écrite, elle se fonde sur l’humilité et l’acceptation du joug de la royauté divine, tout en affirmant pleinement la liberté de l’homme.

Comme les cinq premiers commandements (le religieux) sont intimement liés aux cinq derniers (le moral), ainsi l’autel ne peut être coupé du tribunal. La synagogue doit apprendre la vigilance vis-à-vis d’autrui, comme la relation a autrui appelle à la rencontre avec le Créateur. Jamais deux sans trois !

L’honneur dû au… voleur

Une des lois révélées dans notre paracha concerne le voleur. Quelle est son amende s’il se fait prendre (Ex. XXIII, 3) : « Deux fois, il payera. » Il a volé 100 francs, il remboursera 200 francs ! Cette sanction peut être justifiée par le principe « mesure pour mesure » (mida kenegued mida). Le voleur a occasionné un manque de 100 francs à son voisin, il devra non seulement rendre la somme du larcin, mais il devra en plus sortir 100 francs de son porte-monnaie, afin de ressentir le même désagrément que le volé. Pour la Torah, c’est en ressentant la douleur d’autrui qu’un individu évitera d’infliger le mal. « N’opprimez pas l’étranger, car vous connaissez l’âme de l’étranger, puisque vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte » proclame-t-elle. Puis de préciser que cette amende du double n’est applicable que dans la mesure où l’objet volé ou l’animal sont rendus dans leur état initial, par contre si la bête a été tuée ou vendue (la restitution est donc impossible), alors le voleur devra payer quatre ou cinq fois la somme.

« Pourquoi demande rabbi Aquiba, une amende plus importante dans le cas ou la bête à été vendue ou tuée ? Car le voleur entre dans la logique de la faute. »

Comprenons qu’en exécutant l’animal ou en le vendant à une autre personne, le voleur éloigne un peu plus l’animal de son véritable propriétaire, diminuant à chaque fois un peu plus l’espoir de retrouver son bien.

Ecoutons cependant cet enseignement de rabbi Yohanan ben Zakaï : « Pourquoi la Torah a demandé de rembourser quatre fois le prix de l’agneau et cinq fois le prix du bœuf ? Car le Saint, béni soit-Il, a pitié de ses créatures (fussent-elles délinquantes) : le bœuf du fait que le voleur l’a fait marcher sur ses pattes sera remboursé cinq fois, par contre l’agneau qui a été porté sur les épaules du voleur, occasionnant une fatigue, n’appelle que le remboursement au quadruple.

Après la grandiose théophanie du Sinaï, la Torah révèle des aspects concrets de la vie, car la sainteté n’est pas concentrée dans un grand événement du passé, mais dans le quotidien. Chaque jour, être juif est un défi.

Philippe HADDAD

Cette Paracha est dédiée à la mémoire de

Madame Marie-Yvonne SICSIC-BELLILCHI

Décédée le 31 Janvier 2013

 

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 10:43

Hier Dimanche, un mois jour pour jour après l'inhumation de Claude GRUMBACH, la Communauté 17 750X1000Juive de Nîmes et la Ligue Nationale contre le Cancer en la personne du Professeur Jean-Paul BUREAU ont rendu un vibrant hommage à celui qui fut à Nîmes l'exemple même de ce que peut être un homme engagé dans une communauté.

 

 

 

La Synagogue de Nîmes a été trop petite pour pouvoir accueillir tous ces hommes, toutes ces femmes, de toutes confessions et de toutes religions qui ont tenu à être là.

 

C'est en présence de Monsieur Jean-Paul FOURNIER Senateur-Maire de Nîmes, Franck PROUST Député européen, les représentant du Conseil Régional, du Conseil Général et de nombreux adjoins au maire et conseillers municipaux que Mr Paul BENGUIGUI a pris la parole :

 

 

 

Chers amis,

Le 2 février dernier il y a tout juste un mois, notre ami Claude Grumbach nous a abandonnés discrètement, sans bruit gardant en lui les énormes souffrances que lui infligeait la terrible maladie qui, finalement a eu raison de son courage,  de son désir de vivre et  de vaincre.

Selon sa volonté, il repose maintenant en terre d’Israël, à Jérusalem. Nicole son épouse, Yael et Anouk ses filles, Gérard son ami de toujours, ainsi que Frédéric l’ont accompagné lors de son ultime voyage.

Claude Grumbach ! Qui était-il, que nous lègue-t-il ?

C’était avant tout un homme de conviction, engagé à fond dans tout ce qu’il entreprenait. Il a œuvré dans le sillage de son père, le regretté président Aimé Grumbach, avec détermination pour la réussite du jumelage de la ville de Nîmes avec Rishon le Sion.

Toujours en avance d’une idée ou d’un conseil, payant de sa personne, il a permis, avec d’autres bien sur, que ce jumelage soit pendant longtemps une réussite exemplaire, et perdure à ce jour.

Président le la communauté Juive de Nîmes, il a su pendant son mandat et en dépit de difficultés internes, dépasser tous les obstacles qui se présentaient  pour arriver à donner l’image d’une communauté saine, vivante et dynamique.

Il a entre autres réalisations réussi la réunification des deux communautés qui existaient sur Nîmes.

Comme son père avant lui, il a toujours travaillé sans bruit, dans la discrétion, avec un esprit de compromis bien entendu, mais avec une efficacité redoutable. Je lui en rends grâce ici.

Claude n’a jamais recherché les honneurs. Toujours là, dans son bureau de la rue Ruffi ou à la synagogue il apportait son aide ou ses conseils à qui les lui demandait. Nombreux sont ceux qui pourraient en témoigner.

Ces derniers mois, rongé par la maladie il se faisait moins présent et, lorsque le Shabbat ici même on lui demandait de ses nouvelles, il avait une seule réponse : « ça va »…Malheureusement, nous, savions que ça n’allait pas !

Avec sa disparition, la communauté perd un de ses grands serviteurs.

 Conseiller municipal, membre du comité directeur de Nîmes Olympique, secrétaire général de la ligue contre le cancer, il avait donné de la communauté juive, l’image d’une communauté parfaitement intégrée dans la vie publique

 Sa mère Sarah  créatrice et présidente de la section WIZO NIMES avait su mobiliser les femmes nîmoises à la cause d’Israël.

Son père, Aimé a Présidé  la communauté pendant près de 25 ans, et une rue de Nîmes porte son nom.

Claude, dans la pure tradition familiale a parfaitement poursuivi l’œuvre de ses parents et nous lui en rendons l’hommage. Il respectait scrupuleusement le commandement du respect des parents, et chaque année les honorait discrètement.

Durant sa présidence, nous eûmes le privilège d’avoir comme chef spirituel, le Rav Joël JONAS qui a tenu à assister à cet hommage et qui prendra la parole.

Mais Claude a aussi beaucoup côtoyé la ligue contre le cancer, fléau qui l’a malheureusement emporté.

A cet effet, notre ami Jean-Paul Bureau nous dira quelques mots sur le chemin qu’ils ont effectué ensemble, et sur son désir d’aider à la recherche contre cet horrible maladie.

Depuis Jérusalem, Terre bénite dans laquelle il repose, je reste persuadé qu’il veillera sur la communauté de Nîmes, sa communauté.

Bien entendu, de là où il est, il continuera sans aucun doute à protéger et bénir son épouse, ses filles, son petit Oren qu’il chérissait tant. NICOLE, ANOUK, YAEL, OREN, soyez persuadés de toute notre affection, et acceptez nos condoléances les plus sincères et attristées.

Nous, Communauté, ferons en sorte que le  nom de Claude, et son engagement pour le Judaïsme et pour Israël ne soit jamais oublié.

 PAUL BENGUIGUI

  

  

Gérard APELBAUM a écrit pour son Ami Claude :

GrumbachJ’ai beaucoup de mal à prononcer un quelconque hommage posthume pour mon ami Claude. En fait, c’est probablement parce que je n’arrive pas à réaliser qu’il n’est plus parmi nous.

Je l’ai connu à une date dont le souvenir se perd dans le temps, peut-être vers l’âge de 4 ans ? Nous avions 6 mois d’écart, et cette belle amitié a perduré jusqu’à ce jour. Nous avons tout partagé, les jeux pendant l’enfance, les filles lors de l’adolescence, les bêtises que font tous les jeunes, et plus tard, un certain nombre de moments plus difficiles heureusement réservés aux adultes.

Je pleure en écrivant ces mots, ce qui me conforte dans l’idée que j’aurais été incapable de les prononcer à la tribune sans m’effondrer.

On dit que celui qui peut compter ses vrais amis sur les doigts d’une main, est un homme riche. Je dois faire partie des pauvres, puisque je n’en avais qu’un, Claude, mon frère choisi. Je savais pouvoir compter sur lui en toutes circonstances, et comme dans une amitié de cette qualité, l’inverse était également vrai.

Un ami tel que Claude ne fait de la peine qu’une seule fois dans son existence, le jour où il disparait.

Comment le décrire ?

Avant tout, un homme bon et juste. Ces qualités suffiraient déjà à beaucoup de gens, mais il en avait tant d’autres…

Il était discret, ne cherchait jamais à se mettre en avant et avait une capacité d’écoute hors du commun. A l’heure où le monde souffre d’un individualisme forcené, il était la personnification de l’altruisme. Il en oubliait parfois de consacrer suffisamment de temps à régler ses propres problèmes.

Il a été adjoint au Maire, président de la Communauté Juive de Nîmes, Secrétaire Général de la Ligue contre le Cancer, autant de postes voués à l’aide à autrui.

Trois jours avant sa mort, il téléphonait à un ami qui avait fait une chute (légère) de moto, pour s’enquérir de sa santé, alors qu’il savait pertinemment que ses propres jours étaient comptés.

Bien qu’ayant connu de graves problèmes dont certains ne se seraient pas remis (en particulier lorsqu’il a été contraint à déposer le bilan de son entreprise), je ne l’ai jamais entendu se plaindre, jamais un mot d’aigreur. Quand il a appris la gravité de sa maladie, il m’a téléphoné pour m’en informer et m’a dit : « Je n’ai plus que 6 mois à vivre, alors pleure un bon coup et je te rappelle dans une heure ». Quel courage incroyable, quelle dignité dans la souffrance.

Jusqu’au bout, chaque jour a justifié l’admiration et l’affection que j’avais pour cet être d’exception.

Il faudra désormais vivre sans sa présence, en essayant simplement, car il nous regarde, de ne pas le décevoir.

Il repose aujourd’hui à Jérusalem qui comptait tant pour lui.

Qu’il soit béni.

 

Mes chers amis,
Vous avez été très nombreux à me dire combien vous partagiez ma tristesse (et surtout celle de sa famille) lors du décès de mon ami, mon frère, Claude Grumbach. Cela m'a beaucoup touché et ému. Sa gentillesse, son dévouement, sa discrétion, lui valaient l'affection de tous.


J'ai réfléchi à différentes façons d'honorer sa mémoire, et l'une d'elles s'impose à moi : faire planter des arbres à son nom en Israël (où il repose désormais) selon une des plus anciennes et des plus belles coutumes du Judaïsme auquel il était très attaché, car l'arbre est un symbole d'espoir, d'éternité et de paix.


Plutôt que de faire cela petitement dans mon coin et pour atteindre un nombre plus conséquent, j'ai alors pensé à vous proposer, si vous le souhaitez, de vous joindre à moi pour cette opération.
Vous pouvez me faire parvenir vos dons par chèque à mon adresse personnelle:

Gérard APELBAUM
109 Impasse des 3 Cyprès
30900 NIMES

Je me charge de les rassembler, puis de faire procéder à la plantation.
Les modalités sont les suivantes:

Arbre 10 €
Allée (20 arbres) 200 €
Jardin (100 arbres) 1 000 €
Parc (500 arbres) 5 000 €
Bosquet (1000 arbres) 10 000 €
Forêt (10 000 arbres) 100 000 €

Un diplôme sera ensuite remis à la famille de notre regretté ami, précisant la localisation de cet hommage mérité.
Il est bien entendu qu'il s'agit d'une initiative personnelle et que chacun peut décider en toute liberté d'y participer ou pas.

Avec toute mon affection
Gérard APELBAUM

 

 

 

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 15:08

Yitro

 L'individu et la collectivité 

 Cette semaine nous lisons la paracha Yitro, celle des dix commandements ou "dix paroles". Ce décalogue va constituer la base de la société des Hébreux : La reconnaissance d'un Dieu libérateur, l'interdiction formelle de l'idolâtrie, le respect du Shabbat et des parents, et les interdictions de l'assassinat, de l'adultère, du vol, du faux-témoignage et de la convoitise. Chaque parole appellerait un long développement, mais retenons cette idée majeure : la relation à Dieu n'est jamais coupée de la relation au prochain, le religieux et l'éthique doivent toujours se conjuguer.

Si cette législation s'adresse à la collectivité d'Israël, fraîchement libérée, on remarquera que chaque parole divine s'exprime à la deuxième personne du singulier : "Je suis l'Eternel TON Dieu… TU respecteras…, TU n'assassineras pas etc."

Le judaïsme n'opte ni pour un collectivisme absolu dont nous avons vu les effets pervers dans les régimes communistes, ni pour l'individualisme à tout crin comme le prône le libéralisme moderne. Il s'agit plutôt d'assumer son rôle unique au sein de la communauté et du peuple en sachant que l'individu peut agir sur le collectif, comme le collectif sur l'individu.

« Peuple saint » :

On a souvent reproché au peuple Israël d’être « un peuple élu » dans le sens d’une disqualification du reste de l’humanité. On se souvient de la triste formule du Général de Gaulle « peuple sûr de lui et dominateur ». L’expression « peuple saint » renforcerait la critique. Ramban (Rabbi Moshé ben Nahman dit Nahmanide) offre une interprétation très judicieuse.  Ici le mot « saint » n’est pas adjectif qualificatif de « peuple ». En fait nous avons là une sémikhout, un « état construit », c’est-à-dire un complément du nom. Il ne lit pas « peuple saint », mais « peuple du Saint », c’est-à-dire de Dieu.

En d’autres termes, Israël n’est pas saint (aucun peuple ne l’est du point de vue de la Torah), mais il est appelé par vocation à sanctifier en accomplissant la volonté de Celui qui est saint : le Saint, béni soit-Il.

Philippe HADDAD

 

 

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 10:34

mer rouge

 La violence biblique 

Je voudrais aborder aujourd’hui le thème de la violence biblique. C’est une question que les jeunes du mouvement pourraient se poser en rencontrant certains passages très durs écrits dans la Bible à l’encontre des idolâtres, des Cananéens, des Madianites ou des Edomites.

Dans le livre des Psaumes, par exemple, on trouve des imprécations et des malédictions qui déconcertent le moderne ; et notre jeune d’aujourd’hui pourrait se trouver mal à l’aise avec ce type de discours. Par exemple dans le psaume 137, nous lisons :

« Fille de Babel, vouée à la ruine, heureux qui te rendra le mal que tu nous as fait ! Heureux qui saisira tes petits et les brisera contre le rocher ! »

Le sujet étant très vaste, Sébastien Allali a d’ailleurs abordé la question de manière très judicieuse à propos de la violence dans le récit du prophète Elie, personnellement je me contenterai de me référer à la paracha que nous avons lue ce Chabat, celle de Béchalah, qui parle de la noyade de la cavalerie du pharaon, et selon une opinion exégétique du pharaon lui-même.

Selon le sens littéral, c’est Dieu qui endurcit le cœur du roi afin qu’il poursuive les Hébreux avec ses 600 chars et c’est Dieu qui combat pour Israël en ouvrant et refermant les eaux de la mer rouge (ou mer des Joncs).

A la suite de ce miracle grandiose, sans doute le plus grandiose des plaies d’Egypte, les enfants chantent un chant à l’Eternel, le fameux cantique de la mer (chirat hayam) qui a été introduit dans la prière quotidienne de Chaharit.

S’agit-il d’un chant de vengeance ? Cette allégresse se justifie-t-elle au plan d’une éthique absolue ? Certes la France  a chanté et dansé après la défaite allemande ? Les supporters chantent après la victoire de leur équipe ? Mais ce qu’exprime cette liesse populaire est-ce moralement kacher ?

D’autant plus que dans notre situation, Myriam, la première féministe de l’histoire, chante avec les femmes cette formule « l’Eternel a précipité le cheval et le cavalier dans la mer ». Ce n’est pas une simple louange à Dieu, mais l’affirmation que Dieu a noyé les ennemis.

En fait ces questions n’ont pas échappé à certains maîtres, ceux du midrach ou des penseurs contemporains.

La Bible elle-même semble sentir à cette question, il est écrit (Dt 23, 8) : « tu n’abomineras pas l’Egyptien, car tu as été étranger dans sa terre. » La Torah nous demande d’extirper la haine de notre cœur, fussent envers les Egyptiens qui ont pourtant noyé les bébés. Cette mitsva s’inscrit à la suite de ce que dit le texte dans la paracha Kédochim « tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur ». On voit qu’il ne s’agit pas que du concitoyen, mais même d’un membre d’un autre peuple.

Ainsi Hachem a-t-il noyé les cavaliers égyptiens, comme Il a noyé la génération de Noé, considérant leur punition légitime à Ses yeux, mais une fois le décret appliqué, il n’y a plus de casier judiciaire.

Le Talmud va mettre en exergue « les états d’âme de Dieu ». Dans le traité Méguila (10 b) qui traite aussi de la chute d’Aman, Rabbi Yéochoua ben Lévi enseigne : « Le Saint, béni soit-Il,  ne se réjouit pas de la chute des méchants », à sa suite Rabbi Yohanan dit : « Les anges du Service ont voulu chanter l’Eternel au moment de la traversée de la mer, et le Saint, béni soit-Il, les fit taire en disant : « mes enfants se noient et vous chanteriez un chant ? »

Cette noyade des Egyptiens, nos ennemis, nous devons la porter dans notre conscience religieuse. C’est la raison pour laquelle on ne récite pas le Hallel complet durant Pessah[3], excepté le 1er jour de le fête. En effet, le 7ème jour les Egyptiens furent noyés. On aurait pu réciter le Hallel durant le hol hamoëd, mais alors la demi-fête aurait été plus honorée que le dernier yom tov, d’où l’interdiction de ne pas réciter le Hallel également pendant hol hamoëd.

Je voudrais terminer avant l’enseignant de Yéshayahou Leibowitz dont son commentaire sur la Torah qui remarque que dans le Cantique de la mer, il y a deux aspects qui apparaissent dans une analyse minutieuse des versets.

Du fait qu’il est dit « alors Moïse et les enfants d’Israël ont chanté pour Hachem », il montre qu’il existe la prière de Moïse –qui correspond à son niveau de foi – et celle des enfants d’Israël qui correspond à leur niveau de foi, inférieure à celui de Moïse.

En fait Moïse chante Dieu, en tant qu’Il est Dieu, alors qu’Israël chante Dieu en tant qu’il a noyé des Egyptiens. Dans ce second cas, Dieu est perçu pour le service qu’il a rendu à Israël, comme le fonctionnaire des hommes, alors que Moïse perçoit Dieu dans sa déité absolue. C’est là la différence entre le service de Dieu désintéressé (lichma) et le service de Dieu intéressé (lo lichma).

Cela offre une piste de réponse à notre question initiale : S’il existe des propos outrageants à l’égard des ennemis, ils traduisent un premier rapport à Dieu qui est loin d’être un idéal.

On peut terminer par cette anecdote du Talmud concernant Bérouria la femme de Rabbi Méïr.

Talmud de Babylone, Traité Béra’hot, 10a

Rabbi Meir était profondément tourmenté par des criminels dans son voisinage, ce qui lui faisait implorer [le ciel] que ces criminels meurent. Bérouria sa femme lui dit: pourquoi pries-tu ainsi [pour leur mort]? N'est-il pas écrit (dans le Psaume 104): "Que les crimes prennent fin" (sur la terre). Est-il écrit que les criminels prennent fin? Non: Il faut prier pour la fin des crimes - élimination de la criminalité - mais il faut avoir de la miséricorde pour les criminels et les amener au repentir. Rabbi Méïr pria pour eux et ils firent téchouva.

Philippe HADDAD

 

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 08:52

 

L’ASSIMILATION

 

boPendant que les enfants d'Israël célébraient le Seder en Egypte, le premier Seder de l'histoire, l'Eternel envoya la dixième plaie sur l'Egypte. Le quatorzième jour du mois de Nissan, chaque famille devait abattre rituellement un agneau et asperger de son sang les deux montants et le linteau des maisons. L’agneau était consommé cette nuit même, rôti au feu, accompagné de Matzoth et d'herbes amères, la ceinture aux reins, les chaussures aux pieds, le bâton à la main.

Jusqu'à ce moment là, les enfants d'Israël étaient passifs, subissant amèrement l'esclavage et assistant en spectateurs aux plaies d'Egypte. A présent l'Eternel attend d'eux un geste de courage : affirmer leur identité face aux égyptiens en mettant le sang de l’agneau, l’une des divinités d’Egypte, sur les montants des portes de leurs maisons.

Engloutis dans les ténèbres

Pendant que les enfants d'Israël mettaient de côté les os entiers, restes de l'agneau pascal, se produisit une grande clameur en Egypte. Il était minuit. De chaque maison retentissaient des cris et des pleurs, il n'y avait point de maison qui n'abritât pas un mort. C'était la dixième plaie annoncée au Pharaon, la plus terrible : la mort des premiers nés. Le Pharaon se décida enfin à laisser partir les Hébreux.

Les étrangers vivant en Egypte furent aussi touchés par la dixième plaie. Pourquoi les étrangers ? Quel étaient leurs crimes ? Rachi nous dit qu’ils étaient témoins du malheur d'Israël et ils n'ont pas compati.

A ce sujet, un Midrach raconte que lorsque le Pharaon exposa son projet de « solution finale » pour le peuple Hébreu, Job, l'un de ses conseillers se tut et ce silence lui vaudra le silence de Dieu lorsque plus tard, il sera lui-même plongé dans l'épreuve et la détresse. (Job 42/10).

Vahamouchim, généralement traduit « Les enfants d'Israël avaient quitté l'Egypte en emportant des armes », pourrait signifier « un cinquième » Un juif sur cinq seulement sortit d'Egypte. Les quatre cinquièmes du peuple avaient péri lors de la neuvième plaie des ténèbres.

Pour mériter de sortir d'Egypte, il fallait une foi sans faille; il fallait aussi le vouloir. Ce n'est pas difficile à comprendre. Depuis près de deux mille ans les juifs répètent « L'an prochain à Jérusalem », mais quand Jérusalem s'ouvre à eux, librement, largement et chaleureusement, ils ne réagissent pas. Non seulement ils ne se précipitent pas pour y habiter, mais combien à ce jour, sont-ils ceux qui n’ont pas fait l'effort d'aller au moins lui rendre visite ? L'histoire est-elle un éternel recommencement ?

Identité

Bien des facteurs pourraient être avancés pour expliquer le faible pourcentage d'engagement au sein du peuple juif. Le mariage mixte n'est que la conséquence d'une assimilation galopante.

L'assimilation est le phénomène le plus naturel qui soit. L’homme a tendance à se fondre dans le milieu ambiant. Il a horreur de se distinguer, surtout lorsque la mise à l'écart engendre des problèmes au niveau de la profession, du statut social ou simplement du bon voisinage. Préserver sa personnalité nécessite beaucoup de courage et de persévérance.

Le Midrach nous dit que nos ancêtres ont mérité d'être délivrés de l'Egypte parce qu'ils avaient conservé leurs noms, leurs habits, et leur langue. C'était de l'héroïsme. Aujourd'hui encore, être juif au quotidien est une forme d'héroïsme. C'est peut-être ce mérite qui nous vaut la bénédiction divine. Se savoir juif suffit-il pour assumer sa condition ?

En Diaspora, l'assimilation est aujourd’hui facilitée par les conditions de vie du Juif. Il n'est plus soumis à une pression quelconque. Il peut se fondre dans la masse sans soulever de problèmes majeurs. Il n'a même plus besoin de se convertir à une autre religion, ni changer de nom. Il existe dans le monde un tel brassage de population que personne ne se distingue plus de manière particulière. Ceux qui veulent demeurer juifs à cause de leur foi en Dieu, de la conscience qu'ils ont de leur histoire, de l'amour qu'ils portent à leur patrimoine, ne peuvent donc plus se permettre d'être superficiels. Pour transmettre la tradition à la génération montante, il faut un contenu sérieux, attrayant, dense. Le message doit être clair, vivant, source d’inspiration. Nos enfants sont exigeants et ils ont raison de l'être dans un monde sans frontière, porteur de l'idéal de fraternité universelle, et d'ouverture, dans un monde où la science et la technologie remplissent notre vie, tout en y créant, le plus souvent, un vide spirituel. Dans cet environnement, nos enfants ont besoin de vraies réponses étayées par l'histoire de notre peuple, éclairées par le génie de notre tradition. Il n’est jamais trop tard pour y penser et pour retrouver le chemin de l’authenticité.

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

 

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 14:37

tou bichvat

Le 15 Chevat constitue le nouvel an des arbres

Nous honorons ce jour par la consommation de nouveaux fruits (que l'on a pas gouté depuis un an) sur lesquels on fera la bénédiction de Chééhéyanou.

Tou Bichevat représente un moment de prières et de jugement, même pour l'arbre;

La vertu du D.. Créateur, consiste à esquisser à chaque nouvel an, tous les moments jusqu'à la fin de l'existence de ses créatures; c'est aussi le moment, de prier pour la réussite de cet arbre.

La Torah a assimilé l'Homme à l'arbre des champs, et donc, le jour du jugement de l'arbre, est quelque part aussi, un jour de jugement pour l'Homme; en dépit de l'austérité d'un jugement, nous sommes malgré tout gais et Joyeux.

Ce nouvel an des arbres inaugure le renouveau de la nature de la terre d'Israel où la sève monte dans les troncs des arbres qui entrent en fleur et embellissent le paysage.

Tou bichevat,ne comporte pas d'interdiction de travailler, ni de festin, ni de prière supplémentaire. Aujourd'hui, nous le marquons par la consommation des sept fruits par lesquels a été bénie la terre d'Israel, et qui sont :

Ble, Orge, Raisin, Figue, Grenades, Olives, Dattes

On compte quatre " Nouvel An " :

Sarah WEIZMAN

Le 1er Nissan est le Nouvel An pour le compte des années des rois et pour les fêtes de pèlerinage ; le 1er Eloul est le Nouvel An pour la dîme du bétail; le 1er Tichri, pour le compte des années, des années sabbatiques, des jubilés, des plantations et des légumes ; le 1er Chevat est le Nouvel An pour l'arbre, selon l'Ecole de Chammaï, et le 15 du mois, selon l'Ecole de Hillel. " (Talmud Roch Hachana 1,1)

Tou Bichevat (Tou étant composé des lettres Teth et Vav, dont la somme des valeurs numériques est 15) est une fête qui tombe le 15 du mois de Chevat. C'est le Nouvel An des arbres : tous les fruits qui poussent à partir de cette date comptent pour l'année à venir pour le prélèvement de la dîme des fruits de l'arbre. Cette date est sujette à discussion entre les deux sages talmudiques Hillel et Chammaï. Pour Chamaï, le Nouvel An des Arbres doit être fixé le 1er du mois, comme pour les autres Nouvel An. Hillel considère que le renouvellement de la nature est plus amorcé vers le 15 du mois ; c'est pourquoi, il le fixe à cette date, et c'est son opinion que la Loi retiendra, comme dans la plupart des cas. Ce jour a donc été fixé pour le compte des dîmes des fruits de l'arbre. Et ce n'est pas un hasard : on considère en effet que dans le climat de la Terre d'Israël, la saison des pluies touche à sa fin, la sève est montée dans les arbres qui commencent à bourgeonner (c'est d'ailleurs ce qu'explique Rachi, le commentateur médiéval, sur le texte que nous avons cité plus haut). Cet aspect très technique de ce Jour de l'An a été sublimé au XVIème siècle par les Kabbaliste de Safed. Le Nouvel An des arbres se pare désormais d'un habit symbolique et réitère l'attachement charnel des juifs exilés à leur terre.

 

QUELQUES COUTUMES

 

TouLes Kabbalistes ont fait du 15 Chevat un véritable jour de fête. Ils y ont introduit un rituel, que l'on nomme " Le Seder de Tou Bichevat ". Celui-ci est décrit pour la première fois dans l'ouvrage mystique "Hemdat Yamim " qui est publié en 1763, et il consiste en la consommation de vin rouge, de vin blanc, de " fruits d'Israël " (ce sont les fruits dont la Terre d'Israël a été bénie, à savoir le blé, l'orge, la datte, la figue, la grenade, le raisin et l'olive). Tout ceci est fait dans un ordre bien précis et accompagné de la lecture de textes de la Bible ou du Zohar (principal ouvrage de la Kabbale). Cette coutume s'est vite répandue à travers les communautés juives de diaspora, et elle est devenue un moment majeur de l'expression de la nostalgie du peuple juif de sa terre, à travers les siècles et les pays.

On s'efforce de consommer les 7 Fruits d'Israël et au moins un fruit nouveau.

Plusieurs coutumes ont été adoptées à Tou Bichevat, jour de fête non chômé. On a l'habitude de faire un repas de famille au cours duquel on déguste le plus de fruits possible ; au minimum 15 pour certains. On s'efforce de consommer les 7 Fruits d'Israël (qui ne viennent pas forcément d'Israël) et au moins un fruit nouveau (sur lequel on prononce la bénédiction Chéhé'héyanou). Depuis le retour du peuple juif sur sa Terre et la création de l'Etat d'Israël, on a décidé de marquer ce jour par la plantation d'arbres. Les écoliers sortent dans les forêts et plantent chacun leur arbre, et toute une pédagogie est mise en place autour des thèmes de l'attachement à la Terre d'Israël et aux valeurs écologiques.

" CAR L'HOMME EST UN ARBRE DES CHAMPS "

Si le Nouvel An des arbres est célébré de manière somme toute matérielle par la consommation de fruits, il n'en reste pas moins une fête à forte connotation spirituelle. Loin d'être une pure célébration écologique (dans le sens moderne du terme) et dénué de toute velléité de panthéisme, il se veut réflexion autour des interrelations entre l'homme, D.ieu, la nature, le peuple juif et la Terre d'Israël.

" Car l'homme est un arbre des champs ". (Deutéronome 20, 19) A travers ce verset, la Torah initie une réflexion sur le passé, le présent et le devenir de l'individu. Trois composants essentiels font qu'un arbre est arbre : les racines, le tronc et les produits : feuilles, fleurs et fruits. Les racines sont essentielles à la croissance d'un arbre : plus elles sont fortes et implantées dans un sol riche, plus fort sera l'arbre. Les racines, c'est l'ascendance, la famille, l'enfance, les bases de l'éducation, de la morale et de la foi ; c'est prendre pied dans une histoire familiale, c'est " avoir des racines " ancrées dans une tradition, c'est puiser son énergie dans un terreau nourricier. Se couper de ses racines, c'est un peu se couper les vivres : on peut en mourir. Les racines donnent le tronc : celui-ci représente l'éducation, l'enfance et l'adolescence, l'âge auquel l'on se " fait ". Encore faut-il qu'il soit assez fort et étoffé pour résister au vent et à la tempête ; l'éducation doit être fondée sur des principes moraux et religieux suffisamment cohérents pour que le futur adulte puisse résister à toutes les tentations négatives. Et de même que le tronc ne cesse de s'épaissir, l'étude et les connaissances sont indispensables à la bonne croissance de l'être humain.

L'homme doit produire des fruits et irradier autour de lui : accomplir les commandements divins, faire de bonnes actions.

Cependant, le seul développement personnel ne suffit pas à l'individu ; il serait stérile. Tout comme l'arbre justifie son existence par ses fonctions de producteur d'oxygène et de bois, de nourricier pour les hommes et le monde animal ou tout simplement, par le fait qu'il procure de l'ombre en été et du plaisir à la vue, l'homme doit produire des fruits et irradier autour de lui : accomplir les commandements divins, faire de bonnes actions, communiquer, échanger et partager. C'est là ce qui fait un être humain accompli, c'est là le devenir de l'homme, qui évolue dans le rapport à autrui. Et pour tout cela, pour que l'arbre puisse se développer, il est un élément indispensable : l'eau. Pour un juif, l'élément vital est la Torah : à plusieurs reprises dans la Bible, la Torah est comparée à l'eau, à un puits d'eaux vivifiantes (entre autres Deut. 32:2) ; c'est elle qui l'accompagne sa vie durant, c'est elle qui le guide et le fortifie. La fête de Tou Bichevat, est donc l'occasion de fêter la nature et de remercier D.ieu pour Sa création et la jouissance qu'Il nous en accorde. C'est aussi le temps d'une manifestation d'amour pour la Terre d'Israël. Mais c'est surtout le moment de faire le point sur notre croissance personnelle pour que notre arbre, poumon de la terre, puisse donner ses fruits et que tous en bénéficient.

Il est écrit dans Avot de Rabbi Nathan que Rabbi Yohanan ben Zakaï avait l’habitude de dire : « si tu as une graine dans ta main et que quelqu’un te préviens que le messie est arrivé, reste là où tu es, plante la graine et, ensuite, tu peux partir en courant pour lui souhaiter la bienvenue ». Il semblerait qu’il se soit mis d’accord avec Franz Kafka, quand il écrivait presque 2000 ans après dans ses « paraboles » que « le messie viendra seulement quand ce sera nécessaire ; il ne viendra que le jour après son arrivé. »

Tou Bichevat, prélude de cette époque messianique pléthorique de semences et de récoltes, nous fait revenir pour quelques instants dans ce jardin d’Eden duquel nous venons et vers lequel, depuis que nous en sommes sortis, nous essayons de retourner.

 

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 11:18
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