Un roi exemplaire
La paracha de la semaine contient plusieurs thèmes, comme c’est le cas dans le livre de Dévarim (Deutéronome). Cela est compréhensible. Non seulement Moshé rappelle au peuple (en fait la nouvelle génération née dans le désert) les grands évènements du passé et les principes de l’Alliance (Bérith), mais aussi les grandes règles sur lesquelles sera bâtie la société hébraïque.
Parmi ces thèmes, nous trouvons les lois concernant le roi. La Tora présente trois interdits, ou plus précisément trois restrictions à son pouvoir : Pas trop de chevaux, pas trop de richesse, pas trop d’épouses ; et ajoute un commandement positif : écrire un sefer Tora et méditer la parole divine.
Le roi dans la société hébraïque joue un rôle fondamental : il doit rappeler par sa conduite, la royauté divine (malkhouth chamayim). Seul Hachem est le roi d’Israël. (Dans le rite sépharade nous récitons au début de l’office ce principe « HM mélekh, HM Malakh, HM Yimlokh Léolam vaëd ».) On lira l’histoire de Gédéon dans le livre des Juges où justement ce dernier refusa le titre royal se référant à la royauté divine. Samuel lui-même émit les plus grandes réserves au moment de la nomination de Saül.
La vocation d’Israël, ne l’oublions pas, est une vocation de témoignage. « Vous serez pour Moi (dit l’Eternel) une royauté de prêtres et une nation vouée à la sainteté » est-il écrit juste avant la révélation du Sinaï.
Etre Israël est un titre, plus qu’un état de fait (Pensons au combat de Jacob contre l’ange). Il est important de le rappeler.
Le roi, reconnu dans sa fonction, doit devenir un exemple pour le peuple (même si ce fut rarement le cas dans l’histoire, il suffit de relire le livre des Rois.)
Au fond, chaque membre d’Israël est un roi, qui doit voir dans le roi de la nation l’exemple à suivre. Or être roi ne signifie pas abuser de son pouvoir, mais justement restreindre son pouvoir, son appétit de vivre. D’une certaine manière, la Tora fait des concessions à celui qui possède le pouvoir. Soit, il peut posséder plus que le commun, il peut posséder des richesses, des épouses (18 au maximum !), mais il doit savoir mettre des limites. Il faut se méfier du « trop ».
Telle est la différence entre l’homme et l’animal. L’animal ne connaît pas de limite, il s’arrête de consommer le monde quand il est rassasié du monde. L’homme est doté du pouvoir de restriction, à l’image de Dieu qui laisse une place à sa créature, sans l’écraser de Sa toute puissance.
Or qu’est-ce qui peut donner cette force de limitation, (qui est l’un des principes de la sainteté selon Nahmanide) ? La Tora. Cette Tora que le roi doit écrire de sa propre main et méditer jour et nuit. Ou bien l’homme suit les lois de sa propre nature, et il consomme du monde, abuse de sa force ; ou bien il apprend à mettre son pouvoir au service des autres. Il se construit une nouvelle nature par la révélation divine.
C’est cela être bar-mitsva, « fils des commandements », c’est-à-dire s’engendrer soi-même sur le plan spirituel, et d’une certaine manière dépasser l’engendrement biologique. Pour le judaïsme, David est l’exemple du roi accompli, non qu’il ait eu un parcours sans faute dans son existence, mais il sut reconnaître ses erreurs. Son humilité traduisait sa foi en l’Eternel. Il avait su intégrer les enseignements de la Tora.
Tous les passages de la Tora parlent à chaque juif, il suffit d’entendre le texte pour soi.
Philippe HADDAD