Je vous livre une réflexion du Rabbin Gabriel FAHRI, Rabbin Libéral.
Bien entendu je ne souscris que partiellement à ses arguments mais je pense que sa reflexion a le
mérite d'exister et de mettre face à leurs responsabilités tous les responsables communautaires de France
csicsic@aol.com
"Alors que s'est tenu à Paris le Congres européen du Judaïsme libéral, la question se pose de savoir de quelle façon ce courant du Judaïsme religieux est légitime, tant son expression en France
demeure relativement confidentielle comparativement à de nombreux autres pays.
Cela fait un peu plus d’un siècle que le Judaïsme libéral s’est implanté en France restant confiné jusque dans les années 80 à la seule synagogue de la rue Copernic. Paris compte aujourd’hui 6 communautés libérales et à peu près autant en banlieue et en Province. Le phénomène n’est plus marginal pour que la seule définition « d’hérésie » donnée par les orthodoxes puisse être retenue. Le Judaïsme libéral n’est ni une secte, ni une déviance ou encore un schisme du Judaïsme religieux traditionnel. Les expressions religieuses sont multiples : libérales, massorti, traditionalistes, orthodoxes, loubavitches... Toutes ces expressions ont en commun la religiosité par la croyance et la pratique. La croyance est immuable, la pratique elle fluctue...
Le Judaïsme considère que la Halakhah, la Loi, répond à un processus évolutif. Celle-ci peut être adaptée à la modernité et aux questions soulevées qui n’existaient pas à l’époque biblique ou talmudique. Les hommes et les femmes ont un statut égal face à la Loi. La prière peut être récitée et lue de façon intelligible quitte à utiliser la langue vernaculaire, le français en l’état. Les enfants de couples mixtes sont accueillis avec bienveillance et éduqués dans les Talmudé-Torah ayant accès à la Bar ou Bath Mitsvah.
Cela peut heurter, choquer ou interroger mais c’est dans cette pratique que de nombreux Juifs se retrouvent. Si ce courant est ultra-majoritaire aux Etats-Unis, il n’en est pas moins solidement implanté en Angleterre mais aussi en Israël avec une quarantaine de synagogues à travers le pays. C’est un fait : un Juif religieux sur deux dans le monde appartient à une communauté libérale !
Pour les orthodoxes les plus cléments, le Judaïsme libéral représente un « tremplin » vers le Judaïsme orthodoxe. Pour les autres, c’est donc une hérésie ou un non-sens. On feint d’ignorer ce courant tout en louant son travail en termes d’éducation, de Mémoire ou de soutien à l’Etat d’Israël. Reste le problème de fond qui est la démographie du Peuple Juif, nous en avions déjà parlé à la faveur d’un article alarmant de Jacques Attali pour lequel le Peuple Juif est en voie d’extinction s’il n’apporte pas de réponse à la question des mariages mixtes. Le Judaïsme libéral n’encourage pas les mariages mixtes mais accueil les couples mixtes et leur famille. Je serais prêt à parier que si le Consistoire en France adoptait une démarche semblable, le Judaïsme libéral serait moins « attractif » qu’il ne peut l’être. Le sentiment pour un Juif qui a épousé une personne non-juive de devoir sans cesse s’excuser ou se justifier est en profond décalage avec la réalité. Il nous faudrait au contraire pleinement intégrer que la vie en diaspora, où nous représentons moins de 1% de la population nationale, ne peut que conduire aux mariages exogames. C’est ainsi et il est dommage que seul le Judaïsme libéral apparaisse comme la réponse religieuse pour ces personnes."
Gabriel FARHI Rabbin