Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 08:56

15104161

Ceux qui nous gouvernent

 

Lorsque Joseph se fit connaître à ses frères, il leur conseilla de déclarer au Pharaon qu’ils sont des éleveurs de bétail, afin de demeurer dans le pays de Goschen, loin de la capitale.

Comment expliquer que Joseph se voit obligé de donner de tels conseils à ses frères, des conseils de prudence en vue de leur assurer une vie paisible et conforme à l'idéal familial ? Sachant combien il sera difficile à cette infime minorité nationale de sauvegarder son autonomie culturelle au milieu du peuple égyptien, Joseph leur recommande de paraître peu intéressants à tous points de vue aux yeux du Pharaon afin que celui-ci ne veuille les avoir auprès de lui. Joseph avait une trop grande expérience de la vie mondaine et de la politique pour savoir quels écueils il fallait épargner à ses frères.

La fréquentation des VIP

La fréquentation des « Grands », « des personnalités au pouvoir », peut susciter la jalousie, la cupidité, la colère et entraîner le malheur. En quelque sorte, Joseph faisait sien cet avertissement de Rabbane Gamliel « Hévou Zehirine barashouth... Soyez prudents dans vos relations avec les Grands, car rien ne les rapproche des hommes sinon leurs propres intérêts : ils apparaissent comme des amis tant qu'il y va de leur profit, mais ils n'accordent aucun soutien à l'homme au moment de sa détresse ».

Cet avertissement s'adressait, durant l'époque romaine, aux chefs des communautés pour les prévenir contre l'avidité et la cupidité des proconsuls : Jamais, leur disait Rabbane Gamliel, vous ne pourrez satisfaire l'avidité de ces hommes qui se montrent aimables et prévenants aussi longtemps qu'ils sont comblés de cadeaux mais dès que les moyens viennent à manquer à la communauté, ils accablent les juifs et n'interviennent pas auprès de l'Empereur romain en leur faveur.

Cette situation s’est perpétuée dans les pays où les juifs trouvèrent résidence. Nos aïeux ont fait, dans ce domaine, de tristes expériences. Grands ou petits, les souverains ont pratiqué à l'égard de nos pères la politique du chaud et du froid, les tolérant quand ils en avaient besoin et les expulsant dès qu'ils n'étaient plus utiles, tout en ayant soin, en passant, de les délester de tous leurs biens.

Cette michnah de Rabbane Gamliel n'a rien perdu de son actualité. Le mot employé pour désigner les grands, Rachoute, a une connotation péjorative. Il s'agit de personnes qui profitent de leur titre, de leur fonction ou de leur rang social pour avoir à l'égard de leur entourage un comportement tyrannique et pour satisfaire leur instinct de domination, leur orgueil et faire avancer leurs intérêts.

L'avertissement de Rabbane Gamliel est double. Il s'adresse à la fois aux " victimes " mais aussi à " ces grands " eux-mêmes.

Certains individus sont flattés de côtoyer et de fréquenter les grands de ce monde. Ils s'en vantent comme si cette fréquentation leur conférait une position sociale élevée. En fait, ils ne sont que les jouets entre les mains de ces grands, qui les manipulent tant qu'ils en ont besoin. Tout le monde connaît les sourires, les poignées de mains, les promesses en période électorale. Ces relations non fondées sur la sincérité et la vérité, finissent par faire des dupes dont le réveil est toujours douloureux.

 

La déconvenue des Grands

Quant aux « grands » eux-mêmes, – et un simple chef de service, un président d’association, devient un " grand " à cet égard – ils sont l'objet d'une cour assidue, entourés de soins attentifs de ceux qui dépendent d'eux pour un avantage matériel, un avancement ou tout profit quelconque.

Ces " grands " finissent par penser qu'ils sont véritablement des hommes de valeur et que l'empressement, le respect, la sollicitude dont ils sont l’objet de la part de leurs subalternes, sont l'expression d'une affection réelle à la mesure de la valeur de leur personnalité. En fait, dès que la fonction disparaît, dès que leur fréquentation n'est plus profitable, ces " grands " sont ignorés, parfois même méprisés. Ils ne comptent plus comme s'ils n'avaient jamais existé. Ils avaient tout le monde à leurs pieds, à présent ils sont livrés à leur solitude, plus personne ne s'intéresse vraiment à leur sort, sauf quelques rares amis, car ces " grands " ont rarement de vrais amis.

L’avertissement de Rabbane Gamliel s’adresse donc à tout individu qui aurait cette tentation de se prendre pour un « Grand » afin de l'en dissuader et de lui en montrer la vanité.

Grand Rabbin Jacques Ouaknin.

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
<br /> C’était avant la Shoah...<br /> C’était avant la création de l’Etat d'Israël<br /> C'était entre 1772 et 1778...<br />  <br /> « Mais un spectacle étonnant et vraiment unique est de voir un peuple expatrié n’ayant plus ni lieu ni terre depuis près de deux mille ans, un peuple altéré, chargé, mêlé d’étrangers depuis plus<br /> de temps encore, n’ayant plus peut-être un seul rejeton des premières races, un peuple épars, dispersé sur la terre, asservi, persécuté, méprisé de toutes les nations, conserver pourtant ses<br /> coutumes, ses lois, ses mœurs, son amour patriotique et sa première union sociale quand tous les liens en paraissent rompus. Les Juifs nous donnent cet étonnant spectacle, les lois de Solon, de<br /> Numa, de Lycurgue sont mortes, celles de Moïse bien plus antiques vivent toujours. Athènes, Sparte, Rome ont péri et n’ont plus laissé d’enfants sur la terre. Sion détruite n’a pas perdu les<br /> siens, ils se conservent, ils se multiplient, s’étendent par tout le monde et se reconnaissent toujours, ils se mêlent chez tous les peuples et ne s’y confondent jamais ; ils n’ont plus de chefs<br /> et sont toujours un peuple, ils n’ont plus de patrie et sont toujours citoyens »<br /> <br /> Jean-Jacques Rousseau 1712-1718<br />
Répondre