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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 16:11

mishkanheart

Comme cela se produit très fréquemment, nous lirons cette semaine deux sections ensemble, celle de VAYAKHEL et celle de PEKOUDE. Elles constituent la fin du Livre de l’Exode (CHEMOTH). Elles nous rapportent pour la dernière fois la description de la construction du Tabernacle, des objets qu’il contenait, ainsi que la manière particulièrement scrupuleuse par laquelle MOÏSE rendait compte au peuple de toutes les sommes d’argent et de l’inventaire de tous les matériaux ayant servi à la réalisation de ce lieu sacré.

Ainsi, le premier verset de la seconde paracha PEKOUDE nous offre-t-il la formulation suivante : « Telle est la distribution du tabernacle, résidence du Statut, comme elle fut établie par l’ordre de MOÏSE ; tâche confiée aux Lévites, sous la direction d’ITHAMAR, fils d’AARON le pontife. » (Exode XXXV, 21)

Par le décompte précis donné pour tous les matériaux fournis et toutes les sommes d’argent qui lui ont été confiées, MOÏSE juge indispensable d’en redonner tous les détails. C’est là un enseignement toujours valable pour toutes les générations futures de responsables communautaires d’avoir à fournir des comptes précis, transparents à leurs mandants. Nul n’aurait eu l’idée de soupçonner MOÏSE de la moindre malversation. La Torah fournit à son égard le plus beau des éloges : « MOÏSE est mon serviteur ; de toute ma maison c’est le plus dévoué. » (Nombres XII, 7). Sur ce verset repris par le Midrach, voici un texte pouvant s’appliquer à MOÏSE et disant : « L’home loyal est comblé de bénédictions ; qui a hâte de s’enrichir n’échappe pas au malheur. » (Proverbes XXVIII, 20)

En récompense à cette loyauté extraordinaire, le Midrach souligne que c’est donc MOÏSE qui eut le mérite de mettre le Tabernacle en place, aucun des autres artisans, pourtant nombreux pour son édification n’ayant réussi à en assurer l’assemblage. Lui seul fut capable de mettre la dernière main à ces travaux. C’est donc par une sorte de miracle que le Tabernacle se dressa en quelque sorte de lui-même, ainsi qu’il est écrit : « le Tabernacle fut érigé » (Exode XL, 17). C’est pour cette raison qu’il est associé au nom de MOÏSE, selon le principe talmudique disant que « le mérite d’une mitzwa revient à celui qui l’a terminée, exécutée finalement. »

Selon l’enseignement de nos Sages, c’est en expiation de la faute du veau d’or dont il était question dans la paracha de KI TISSA, que fut érigé le Tabernacle, le MICHKANE, dont le terme est redoublé au début de PEKOUDE, comme pour nous indiquer qu’il sert de MACHKONE, de gage, à la fois pour le premier Temple et pour le second, tous deux détruits par notre faute collective. Celle du veau d’or fut donc pardonnée, car MOÏSE avait fortement intercédé en faveur de son peuple auprès de D.ieu. Il était donc normal que lui revienne en définitive le mérite d’avoir pu à lui seul procéder à l’édification de ce lieu de culte, tant attendu par le peuple.

Une autre raison permettant d’expliquer que nul autre que MOÏSE pouvait avoir ce mérite nous est fournie dans notre paracha. En effet, nous lisons ceci : « L’Eternel parla à MOÏSE en ces termes : A l’époque du premier mois, le premier jour du mois, tu érigeras le Tabernacle de la Tente d’assignation (OHEL MOËD). Tu y déposeras l’arche du Statut, et tu abriteras cette arche au moyen du rideau. » (Exode XL, 1 - 3)

Les commentateurs nous expliquent que la Torah a voulu désigner le premier jour du premier mois, à savoir NISSAN, comme étant le jour marqué par la réception de dix couronnes. En effet, le Midrach nous rappelle que le Tabernacle était déjà prêt dès le premier du mois de TEVETH, soit trois mois auparavant. Dans ces conditions, pour quelle raison fallut-il attendre tout ce laps de temps pour inaugurer cet édifice sacré ? C’est le passage suivant de la Torah qui nous en donne la raison : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année. » (Exode XII, 2)

De ce texte nous pouvons comprendre que l’inauguration du Temple a coïncidé avec la néoménie (ROCH ‘HODECH ) du mois de NISSAN au cours duquel nous célébrerons la fête de la Pâque. Il fallut que D.ieu montre à MOÏSE la lune dans son renouvellement en disant : HA’HODECH HAZEH - ce mois ci, comme pour signifier que c’était le jour précis où devait être inauguré le Tabernacle. Les textes bibliques nous indiquent par ailleurs que c’est également à cette date du premier NISSAN qu’autrefois les rois d’Israël étaient intronisés.

A l’interrogation par les enfants d’ISRAËL de la raison pour laquelle après avoir été achevé le Tabernacle n’était pas encore inauguré, MOÏSE jugea utile de répondre que telle était la décision divine d’attendre jusqu’au premier NISSAN, date privilégiée entre toutes, car elle vit l’entrée de la CHE’HINA, la présence divine dans le Sanctuaire. Cette présence devait être permanente au milieu du peuple d’ISRAËL, pour que ne se reproduise plus une faute aussi grave que celle du veau d’or.

Le pardon divin comme l’édification du Tabernacle reposaient donc exclusivement sur MOÏSE. A travers des textes en apparence techniques, avec la description de toutes sortes de précisions pouvant nous laisser qu’ils étaient anachroniques, nous comprenons mieux le rôle essentiel rempli par MOÏSE qui s’est dévoué corps et âme pour la construction du Tabernacle, mais surtout pour la direction du peuple dont il avait la lourde charge.

Tout cela est donc clairement indiqué dans notre paracha. La Torah a surtout voulu rendre un hommage particulier et éclatant à MOÏSE, en soulignant à dix-huit reprises, à propos de chaque objet qu’il mit en place, l’arche, la table des pains de proposition, l’autel et surtout le Candélabre, qu’il le fit « ainsi que l’avait ordonné D.ieu - kaacher tsivah HACHEM eth MOCHE. »

Pour conclure, rappelons également que cette lecture, comme cela se produit de temps à autres, aura lieu en ce chabbat HA’HODECH durant lequel nous sommes invités à relire dans le second rouleau de la Torah, le début du chapitre douze du livre de l’Exode, dans lequel nous sont fournis toutes les indications relatives aux préparatifs de la fête de PESSA’H, toute proche. Puisse-t-elle sonner pour nous comme autrefois pour nos ancêtres, l’heure tant attendue de la délivrance finale.

Grand Rabbin Alain GOLDMANN

 

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