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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 09:42




UN PLURIEL, BIEN SINGULIER

 

 

 

« Dieu dit : Faisons homme, à notre image, comme notre ressemblance, et ils domineront sur le poisson de la mer, l'oiseau du ciel, les animaux et sur toute la terre et sur les rampants qui rampent sur la terre. » Béréshith / Genèse I, 26

 

Ce verset a posé beaucoup de questions à nos commentateurs, nous retiendrons celle du pluriel « faisons ». S'agit-il d'un pluriel de majesté, Dieu dirait « nous » pour parler de Lui, comme dans le Coran. Mais en général dans la Bible Dieu dit « Je », Anokhi, le « Je » absolu, comme au début des dix paroles. Dieu s’adresse-t-Il à d’autres êtres, Il ne serait donc pas seul ?

 

Nous citerons trois commentateurs : Rachi, Nahmanide et Obadia Sforno, qui offrent trois éclairages intéressants :

 

Un Dieu moral :

 

Rachi justifie ainsi ce pluriel en posant que Dieu a consulté les anges, créés selon le Midrash, le deuxième jour du monde. « Cela t'apprend l'humilité du Saint, béni soit-Il » écrit le rabbin de Troyes.

Voilà donc un Dieu tout puissant, qui consulte Ses subalternes !

 

Retenons la leçon, le Dieu de la Bible est un Dieu moral. Pour la Torah, la morale n'est pas fondée par la morale elle-même, mais par l'attitude de Dieu. « Comme Dieu habille ceux qui sont nus (Adam et Eve), toi aussi habille ceux qui sont nus ; comme Dieu rend visite aux malades (Abraham après l’alliance de la circoncision), toi aussi rends visite aux malades, etc.. Dieu est moral, cela signifie qu’Il n'est pas au-dessus d’elle, alors l'homme aussi, dans l'imitation de Dieu, doit rechercher l'humilité, la générosité, etc.,

 

 Ciel et terre, partenaires :

 

Pour Ramban, Nahmanide, Dieu s'adresse à la terre en lui disant : faisons ensemble l'homme. Toi tu fourniras la terre, Moi le souffle (comme cela sera mentionné au chapitre II, de notre paracha). L'homme est ici le produit d’un contrat entre le ciel et la terre.

 

Le judaïsme est toujours fidèle à cette vision : pas de reniement du corps au profit d’une spiritualité désincarné, et pas d’excès de l’instinct qui déséquilibrerait les aspirations vers le Ciel. Un corps sans âme est un cadavre, une âme sans corps est un fantôme. L’homme, corps et âme, face à Dieu.

 

Racines du bien et fleurs du mal :

 

Rabbi Obadia Sforno développe l’idée suivante : Dieu a donné au monde d’en haut l’ordre de répandre l’énergie vitale sur cette créature terrestre particulière qui est l’homme. De ce point de vue, l’homme ressemble par un certain côté aux anges, à savoir sa capacité à faire le bien (l’acte moral), qui découle du bien d’en haut. Mais alors que l’ange, selon la tradition, est programmé pour ne faire que le bien, l’homme peut choisir le mal.

 

C’est là une grande question théologique pour le monothéisme qui affirme l’existence d’un Dieu bon, c’est-à-dire qui offre la vie en pure grâce. Comment le mal est-il possible, et pour nous le mal absolu aujourd’hui, c’est le fascisme, sous toutes ses formes, une salle de torture (que Dieu nous en préserve).

 

La question peut ainsi se poser : Si Dieu n’existe pas, alors la question est comment le bien est possible ? Mais si Dieu existe comment le mal est possible ?

 

Si nous ne sommes que le produit d’un chaos originel qui s’ordonne selon sa propre logique, alors dans le jeu de forces aveugles, comment expliquer l’amour (de l’autre ; pas de soi, bien sûr). Si nous sommes produits de l’amour de Dieu, comment expliquer la haine qui sommeille ou se réveille de notre cœur ?

 

Le Talmud (Haguiga 14 b) rapporte que quatre rabbins sont entrés dans le jardin de la connaissance), Elisha ben Abouya devint renégat, car « il arracha les plantations ». Tant que les racines de l’homme restent attachées à la source de la vie, il offre la vie autour de lui. Mais s’il se coupe de ses racines de vie, il devient une conscience indépendante, qui définira lui-même le bien et le mal. Emporté par ses propres jouissances mortifères, il produira les fleurs du Mal.

 

                         csicsic@aol.com                                                                                                                  Ph. HADDAD

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