« Ben-Adama fut composé par le Rabbi Abraham Ibn-Ezra aux environs de 1150. L’auteur connu surtout pour ses célèbres commentaires de la Bible était aussi un grammairien. Il aurait vécu en
Andalousie. Il semble qu’il soit né à Malaga et qu’il soit décédé en Israël après avoir parcouru le monde. Ben-Adama, c’est une méditation sur la vanité de l’homme à tous les âges. Il proclame la
soumission à la volonté divine. C’est un vieux poème liturgique et il est demeuré inaltérable. Il est récité avant Minha de Kippour avec exaltation et sans aucune appréhension quant à la
destinée de chacun. La langue utilisée à l’époque ayant été l’arabe, Ben-Adama s’est récité et se récite encore par les anciens dans un dialogue alternant hébreu et judéo-arabe. ». Seuls
les âges pourraient être un peu modifiés; et encore.....
PSAUME BEN-ADAMA
Fils de la Terre, qu’il te souvienne de ta patrie, la Poussière
Car, au dénouement, tu retourneras vers ta mère, la Terre.
Cinq Ans
Lève-toi et puisses-tu réussir, dit-on à l’enfant de cinq ans
Il grandit par degrés comme le soleil qui monte,
Il dort au sein de sa mère et ne veut la quitter,
Et pour monture, il prend le cou de son Père.
Dix Ans
Pourquoi accablez-vous de morale l’enfant de dix ans ?
Encore un peu, il grandira et se corrigera,
Parlez-lui avec grâce et annoncez-lui d’agréables nouvelles,
Ses jouets à lui ce sont ses parents, les membres de sa famille.
Vingt Ans
Quelle douceur dans les jours d’un homme de vingt ans
Rapide comme le faon qui bondit sur les monts,
Il fait fi des conseils et se rit de ses maîtres,
Mais bientôt la biche pleine de grâce deviendra son filet et son rets.
Trente Ans
A trente ans, il est tombé aux mains d’une femme.
Il se lève, examine la situation : le voici pris au piège
De toutes parts des flèches le percent :
Les caprices de ses enfants et ceux de sa femme.
Quarante Ans
Errant et soumis il atteint les quarante ans
Content de son sort, qu’il soit bon ou mauvais,
Il court son chemin, abandonne ses amis,
Il reste à son poste pour remplir sa tâche.
Cinquante Ans
A cinquante ans, il se souvient des jours de vanité,
Il s‘attriste parce que les jours de deuil approchent
Il méprise alors tous les biens de ce monde,
Car il tremble à la pensée que son heure est proche.
Soixante Ans
Demandez donc ce qu’il advient à l’homme de soixante ans
Il n’agit plus : il a perdu ses branches, il a perdu ses racines,
Les forces qui lui restent s’appauvrissent et décroissent,
Elles ne lui sont plus d’aucun secours dans sa lutte.
Soixante dix Ans
Si ses années atteignent le chiffre de soixante dix,
Ses paroles ne sont adoptées ni même écoutées
Il n’est plus qu’une charge pour ses amis,
Un poids pour lui-même, un poids pour sa canne.
Quatre vingt Ans
A quatre vingt ans, c’est un fardeau pour ses enfants,
Son cœur n’est plus à lui non plus que sa vue,
Objet de mépris pour ses connaissances, de moquerie pour ses voisins,
Plein de poison est son verre, et son pain est amer.
Epilogue
A-t-il dépassé cet âge, il n’est plus alors qu’un mort,
Mais bienheureux qui est considéré
comme un étranger établi sur cette terre,
Lui n’a de pensée et de souci que pour l’avenir de son âme
Et pour le salaire qui l’attend dans le monde d’En-Haut. »